Hommage à Rafael Gomez NIETO – La Nueve – 9e Cie – 3 RMT

Rafael Gomez NIETO

 


Le dernier survivant de la Nueve est décédé le 31 mars 2020
des suites du COVID-19

 

L’Association des Anciens et Amis de la 2e D.B. et 2e B.B. d’Alsace vient de perdre M. Raphaël GOMEZ NIETO, un de ses 3 membres «  grands Anciens », décédé mardi le 31 mars 2020 à STRASBOURG des suites du coronavirus à l’âge de 99 ans.

En 1938, à 17 ans, il combat dans les rangs républicains en Espagne. Il doit fuir son pays vers la France où il se retrouve en camp d’internement. Il fuit à nouveau pour l’Algérie et rejoint les FFL du Général de Gaulle. En 1943, il est engagé à la 2e D.B. du Général LECLERC et à TEMARA au Maroc, il est affecté au R.M.T. Régiment de Marche du Tchad, regroupant 160 espagnols formant la 9e Compagnie surnommée LA NUEVE.

Raphaël GOMEZ y devient pilote d’un half-track nommé GUERNICA.
Du débarquement à ST-MARTIN-DE-VARREVILLE en août 1944 jusqu’à BERCHTESGADEN le 5 mai 1945, il sera de tous les combats avec LA NUEVE qui entre la première à PARIS et prend l’Hôtel de Ville le 24 août puis ce sera BACCARAT, l’Alsace avec SAVERNE , STRASBOURG le 23 novembre 1944, fin janvier 1945, un combat par -20° pour libérer GRUSSENHEIM.

Finalement, il sera au “nid d’aigle” à BERCHTESGADEN où son half-track se nomme DON QUICHOTTE.
Après la capitulation sans conditions du 8 mai 1945, il sera démobilisé en 1946 et décoré de la Croix de Guerre 39-45. Il repart en Algérie où il exercera le métier de cordonnier et fondera une famille qui s’installera à STRASBOURG en 1955.

Admiré pour son humilité, sa simplicité, sa sollicitude, toujours tiré à quatre épingles, il était présent jusqu’à ses dernières forces dans les cérémonies des lieux qui l’avaient marqué, notamment à GRUSSENHEIM.

Dernier survivant de la NUEVE, il a enfin été reconnu et honoré par l’attribution de la Légion d’Honneur en 2012.

L’ensemble des membres de notre Association garderont le souvenir de celui qui a combattu pour notre Liberté et s’associent à la douleur de sa famille et des proches.

 

Palais de l’Élysée, le jeudi 2 avril 2020

COMMUNIQUÉ

Rafael Gomez Nieto, le dernier survivant de la Nueve – cette compagnie la 2ème DB du général Leclerc presque entièrement composée de républicains espagnols – a succombé au coronavirus dans sa centième année. Avec lui, c’est un pan de notre histoire française et européenne qui s’en va. Celui de la Guerre d’Espagne et de la Seconde Guerre mondiale, celui de l’odyssée des républicains espagnols engagés dans le combat pour abattre le joug nazi. Il s’est éteint à Strasbourg, la capitale alsacienne qu’il avait contribué à libérer un jour de novembre 1944.

Si c’est en France qu’il avait victorieusement combattu pour la liberté, c’est sous le soleil d’Andalousie que Rafael Gomez Nieto avait grandi, là aussi que s’était épanoui son amour de la République. Ce fils d’un militaire de carrière fut en effet élevé dans la passion des institutions républicaines. Aussi, lorsqu’éclate la Guerre civile espagnole, n’a-t-il aucune peine à choisir son camp : en 1938, il a 17 ans lorsqu’il participe à la grande bataille de l’Ebre. Avec la victoire des Franquistes, lui et sa famille franchissent les Pyrénées pour trouver refuge en France, comme beaucoup de républicains. Hélas, l’accueil qui leur fut réservé était indigne et le jeune homme se retrouve interné dans le camp de Saint-Cyprien.

Il parvient néanmoins à rallier l’Algérie où, après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il s’engage dans les armées de la France Libre, rejoignant en 1943 la 9ème compagnie du régiment de marche du Tchad, la « Nueve », incorporée à la 2ème DB de Leclerc. Il y retrouve de nombreux frères d’armes de la Guerre d’Espagne, qui étaient tout autant ses frères d’âme. Ces obstinés de la liberté étaient déterminés à déloger les oppressions en tout lieu, sur les terres de leur berceau espagnol, comme sous le soleil d’Afrique ou sous le ciel de Paris. Après avoir pris les armes contre Franco, ils luttaient contre Hitler ; après avoir ferraillé contre le fascisme, ils combattaient le nazisme. Leur épopée les mena d’Algérie en Angleterre et de la Normandie au « Nid d’Aigle » en passant par Paris et Strasbourg. Partout, ils ont semé la liberté.

Toujours en première ligne, toujours au contact, ces hommes formaient une compagnie de choc. Parce qu’ils connaissaient la guerre, avaient déjà éprouvé le feu et parce qu’en soldats de l’idéal, ils étaient prêts à tous les sacrifices. Sur son uniforme, Rafael Gomez Nieto arborait avec fierté la bannière de la République espagnole et conduisait ces véhicules qu’ils avaient baptisé « Guernica » ou « Don Quichotte ». Le 24 août 1944, ce sont quelques-uns de ces blindés aux surnoms espagnols qui pénétrèrent les premiers à Paris par la porte d’Italie et qui rejoignirent l’Hôtel-de-Ville. Ils furent l’avant-garde de l’armée de Liberté, la fine pointe des glorieuses troupes de Leclerc. Rafael Gómez Nieto connut l’ivresse de la Libération et du défilé sur les Champs-Elysées, les cris de la joie retrouvée et l’allégresse des temps nouveaux.

La France n’oubliera pas son engagement et ses sacrifices. Elle lui restera, à lui et à tous ses camarades de combat, éternellement reconnaissante.

Le Président de la République salue ce héros de la liberté et adresse à ses proches ses condoléances les plus respectueuses.